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Après le drame japonais, PSA Mulhouse victime du zéro stock Seuls certains moteurs diesel de la seule 308 sont concernés. Archives Thierry Gachon
Pour l’énième fois en quelques mois, le site PSA de Mulhouse doit se résoudre à réduire sa production. En cause, cette fois, la défaillance d’un fournisseur japonais et, toujours, la politique du zéro stock.
Pour les syndicats, du pain béni ! « Illustration des limites de la stratégie du flux tendu », pour Julien Wostyn (CGT), « preuve de la fragilité d’une stratégie basée sur des méthodes de fournisseur unique avec comme seule vision la rentabilité économique » pour Patrick Schorr (FO), l’arrêt durant quatre jours (23, 24, 25, 28 mars) du système de montage Peugeot sur le site PSA de Mulhouse pour cause de pièces manquantes (un composant du débitmètre d’air greffé sur certains moteurs diesel), relance le débat sur la gestion des achats du groupe et la politique du flux tendu.
Le sujet est polémique. Les constructeurs expliquent en effet n’avoir pas trop le choix, contraints de débusquer les meilleurs fournisseurs au meilleur prix là où ils sont. S’ajoute le fait que 70 % du prix de revient d’une voiture sont liés aux équipements achetés à l’extérieur, ce qui pose inévitablement le problème des approvisionnements, problème réglé en apparence par le toyotisme : produire ce qui est commandé, ne commander que ce qui nécessaire et ne livrer les commandes qu’au moment où elles sont utiles. On parle de juste à temps et de flux tendus, notions devenues essentielles pour le bon fonctionnement d’une ligne de montage, mais d’autant plus complexes que cette ligne fabrique des grandes séries de plusieurs types de véhicules.
« Il faut réintégrer toutes les productions possibles en local », suggère donc le syndicaliste FO mais, justement, tout le problème est dans ce « possibles », notamment lorsqu’il s’agit de composants électroniques, marché dominé par l’Asie et plus particulièrement le Japon.
En outre, pour des raisons de process industriels et économiques, l’industrie des composants impose des volumes élevés — d’autant que d’autres secteurs, comme l’électronique de loisirs, sont grands consommateurs — interdisant, de fait, la réintégration de l’activité en interne et, surtout compliquant sérieusement la duplication des fournisseurs.
« Nous avons plusieurs fournisseurs selon le type de motorisation », assure néanmoins la direction du site mulhousien à propos du débitmètre Hitachi. Elle évoque en outre l’existence de plusieurs jours de stock en produits finis chez les fournisseurs à l’image d’Hitachi, dont les réserves réunies sur le site britannique de Bolton ont permis de continuer à fournir les sites PSA après le tremblement de terre au Japon.
Pour autant, la situation actuelle ne devrait pas durer et PSA jure que ses clients ne seront pas pénalisés. L’usine Hitachi, plantée à mi-chemin entre Tokyo et Sendai, a prévu de redémarrer aujourd’hui, ce qui doit permettre au site mulhousien de relancer le système de montage Peugeot dès le 29 mars. Avec toutefois une production réorientée provisoirement vers les mécaniques essence, victimes collatérales du débitmètre nippon. « L’objectif, qui n’est pas remis en cause, est de passer d’un coup, le 3 avril, de la 308 actuelle à la nouvelle », résume la porte-parole de l’usine. En clair, les stocks reconstitués profiteront à la nouvelle voiture, ce qui signifie que la production de la génération actuelle — dont 37 000 exemplaires, en stock, doivent permettre de livrer les commandes en cours — a du coup d’ores et déjà cessé à Mulhouse. Resquiescat in pace…
Jacques Prost
Le site de Sochaux est lui aussi touché avec un arrêt du système 1 (Peugeot 308) du 23 au 29 et reprise le 30 mars.
23 milliards d'euros d'achats
8 700 entreprises sont inscrites au panel fournisseurs PSA. Soit
643 groupes fournisseurs pour l’Europe, dont 22 représentent
50 % des achats gérés. Pour les usines françaises, 56 % des
achats sont réalisés en France, 39 % dans le reste de l’Europe et
5 % dans le reste du monde. Pour les usines Europe (hors
France), 23 % des achats sont réalisés en France, 73 % dans le
reste de l’Europe et 4 % dans le reste du monde. Au bilan, une
facture achats PSA de 23 milliards d’euros en 2010.